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Cannabis à Nantes. La guerre du shit : des armes et des larmes

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Cannabis à Nantes. La guerre du shit : des armes et des larmes

Thomas HENG (avec Christian MEAS), le 01 novembre 2019 à 16h48


Cinquante-huit règlements de compte depuis le début de l’année 2019 à Nantes, dont le commando armé, voilà une semaine. Trois morts. Pourquoi cette incroyable explosion ? D’où viennent les armes ? Éléments de réponse avec magistrats, policiers, avocats et gendarmes.
La rue de Charente, à l’ombre des tours HLM de Saint-Herblain, a pris des airs de stand de tir, fin juin. Fusillade le vendredi soir, « match retour » le samedi. Et deux jours plus tard, encore, la police saisit là une kalachnikov prête à l’emploi… « Des mecs sont venus arroser ce point de shit pour le prendre le vendredi, raconte-t-on au palais de justice. Le lendemain, la victime des premiers tirs a eu ordre de revenir, avec une kalach’pour reprendre la place ! »

Un « bon » point de deal, ça vaut de l’or et ça explique bien des fusillades : « Ça peut générer plus de 5 000 € par jour de chiffre d’affaires, croit savoir, au bas mot, un enquêteur. Alors, forcément, quand une bande se fait dégager, elle tire. » « Quand on regarde les emplacements des points de deal et ceux des fusillades, ça se superpose très souvent », examine un autre policier.

Avant, les règlements de compte visaient des personnes en particulier. « Aujourd’hui, on a des équipes qui s’attaquent à des points de deal,explique Gilles Soulié, le patron du service régional de la police judiciaire. Et peu importe celui qui s’y trouve. » Prière de faire attention en allant chercher votre pain… Un jeune homme, la jambe perforée par une balle perdue en montant dans un tram, place Mendès-France, pourrait en témoigner.

Au printemps, une fusillade à la kalachnikov a fait un mort dans le centre-ville. Trois jeunes, pas forcément liés au trafic, ont déjà été tués en 2019.
Au printemps, une fusillade à la kalachnikov a fait un mort dans le centre-ville. Trois jeunes, pas forcément liés au trafic, ont déjà été tués en 2019. | Archives Marc Roger
« L’enjeu ? La place de deal ! »

Quelques années en arrière, les coups de feu, « c’était un ou deux par an », estime, au doigt mouillé, un vieux routier de la police. En 2018, c’est subitement parti en flèche : un mort, des dizaines d’affaires.

En 2019, la pente est exponentielle. « Cet été, on était déjà à 57 affaires de coups de feu, 26 blessés, deux morts ! » Désormais, c’est trois. Ruben Mampouya Louamba a été assassiné au pied d’une tour des Dervallières, le 11 octobre. Il avait 22 ans.

Pourquoi tant de tirs ? « Encore une fois, c ’est pour se piquer des places ! insiste un policier.Enfin, la plupart du temps. Des fois c’est pour montrer les muscles. Les histoires de rivalités de quartier, il y en a, mais c’est marginal. L’enjeu, le vrai, c’est la place de deal. »

« On a aussi des histoires de carottes (vols de marchandise) ou d’ego de chefs », tempère un autre enquêteur.

« Tellement d’argent »

« Tous les coups de feu ne sont pas liés au deal,poursuit un magistrat. Ça peut être un regard de travers, un match de futsal, un vieux conflit… Mais le problème, c’est que presque toujours, en enquête, on voit que ce sont des gens liés de près ou de loin au trafic. Mais la drogue n’est pas forcément à l’origine du coup de feu. »

« Les stups génèrent tellement d’argent, que ceux qui sont à la tête d’un trafic ne veulent pas perdre des parts de marché, explique Gilles Soulié. C’est du commerce : quand vous êtes le patron d’un point de deal et qu’un concurrent ouvre juste à côté, vous essayez de l’éliminer. C’est aussi simple que ça. »

« Ça, c’est la lecture policière, infraprobatoire,tempère Franck Boëzec, fameux avocat pénaliste de Nantes. Les policiers voient de la drogue partout. Moi, pas si souvent devant les tribunaux. Mais ça aide à porter des revendications, en termes d’effectifs, notamment. »

« Victime à 10 h, tireur le soir »

Il faut dire que les clients des avocats, devant les enquêteurs, ne parlent jamais de drogue. C’est l’omerta. Pas question pour suspects ou victimes de livrer le moindre élément lié aux trafics. « Pourtant, ils savent très bien qui a fait quoi, déplore un autre fonctionnaire. La preuve ? Tu peux avoir un type victime d’un tir à 10 h le matin, que tu vas retrouver arme à la main, le soir même, pour se venger. La plupart des fusillades sont liées. Un tir, c’est une réplique, une réplique, c’est un nouvel épisode à venir. » Résumé : « En ce moment, c’est la guerre des clans. »

Pour se tirer dessus, il faut des armes… C’est si facile d’en acheter ? « Tu en trouves plein sur le darknet », explique une étudiante familière de cet internet clandestin, que quelques minutes suffisent à apprivoiser. « Le darknet n’est pas un fantasme mais une réalité », confirme un limier.

Mais pas besoin d’une connexion internet pour devenir propriétaire d’un fusil d’assaut. À Nantes, après les fusillades en série à Bellevue et celle, fatale, de la rue du Maréchal-Joffre, la police judiciaire a mené plusieurs perquisitions. Stupeur :« Une quinzaine de kalachnikovs ont été saisies dans deux planques, sur l’île Beaulieau », indique une source du palais de justice. Les enquêteurs eux-mêmes étaient sidérés.

Même lors de simples fouilles systématiques, chaque semaine dans des halls, caves et gaines techniques d’immeubles de cité, la police déniche des armes (encore cinq le week-end dernier). « Quand des trafiquants ont commencé à s’armer, les autres ont suivi, soupire un policier.Quand les premiers ont tiré, les autres ont répliqué. »

Désinformation de Ouest France a écrit:D’où viennent les armes

D’où viennent-elles ? « De cambriolages chez les particuliers, de tireurs sportifs qui ont besoin d’argent, raconte un enquêteur.

Et, surtout, de l’ouverture des frontières des pays de l’Est qui ont connu la guerre. Une kalach, ici, c’est 800 € »«  En 2018, on avait saisi 23 armes pour toute l’année, raconte Gilles Soulié. En 2019, on risque de doubler notre chiffre. »

Terrible glissade nantaise. La ville figure désormais dans le haut du classement national des villes où l’on règle ses comptes à balles réelles. « On ne voit pas trop comment ça peut s’arrêter », s’inquiète un fonctionnaire harassé.

La police connaît pourtant des succès, presque jamais médiatisés par le Parquet, alors que les coups de feu, eux, ont un retentissement public inquiétant dans la cité. « La PJ a résolu à Nantes une dizaine d’affaires de règlements de compte (avec des blessés), tient à faire savoir Gilles Soulié.Trente-deux individus ont été interpellés depuis début 2019. » Et quatre hommes ont été tués en quinze mois.

Retrouvez l’ensemble de nos articles sur le cannabis à Nantes dans notre dossier en ligne.

Lara Tatouille a écrit:


D’où viennent-elles ? « De cambriolages chez les particuliers, de tireurs sportifs qui ont besoin d’argent, raconte un enquêteur.

Buck a écrit:Bonsoir Lara Tatouille,

Merci pour votre information, mais je souhaite vous signaler que l'usage des couleurs est réservé à la modération, et qu'en particulier le rouge l'est à notre administrateur, le bien connu et apprécié Gilou !!!  

J'ai modifié votre post.

Buck modérateur

bif a écrit:C’est un enquêteur qui le dit ?

Et moi je dis que le cannabis qu’on trouve dans la rue, c’est des enquêteurs qui ont besoin d’argent qui ont revendu les saisies.

bif a écrit:C’est un enquêteur qui le dit ?

Et moi je dis que le cannabis qu’on trouve dans la rue, c’est des enquêteurs qui ont besoin d’argent qui ont revendu les saisies.

Lara Tatouille a écrit:


D’où viennent-elles ? « De cambriolages chez les particuliers, de tireurs sportifs qui ont besoin d’argent , raconte un enquêteur.

journalope a écrit:
Pour se tirer dessus, il faut des armes… C’est si facile d’en acheter ? « Tu en trouves plein sur le darknet », explique une étudiante familière de cet internet clandestin, que quelques minutes suffisent à apprivoiser. « Le darknet n’est pas un fantasme mais une réalité », confirme un limier.

Isterios a écrit:Dans le cerveau étriqué de beaucoup de gens, le résumé va être "il y a trop d'armes en France".

Là dessus, nos technocrates étant incapables de gérer les cités vont se rabattre comme d'habitude sur l'honnête citoyen/tireur (lui non dangereux). Et nous pourrir la vie.

Et le citoyen au cerveau étriqué applaudira. Et les dealers rigoleront.

nezrond a écrit:

Isterios a écrit:Dans le cerveau étriqué de beaucoup de gens, le résumé va être "il y a trop d'armes en France".

Là dessus, nos technocrates étant incapables de gérer les cités vont se rabattre comme d'habitude sur l'honnête citoyen/tireur (lui non dangereux). Et nous pourrir la vie.

Et le citoyen au cerveau étriqué applaudira. Et les dealers rigoleront.

Petite précision: il faudrait écrire "...nos technocrates NE VOULANT PAS gérer les cités..."
Selon moi, il est très important de toujours rappeler que la merde dans laquelle on se noie n'est pas une fatalité mais un choix politique qui dure depuis au moins 40 ans.