Review : l'Unique D4

Salut à tous, nouvelle revue aujourd'hui, et cette fois du Unique D4, ma seule arme française à ce jour !

Il s'agit d'un petit PA de sport chambré pour l'habituel .22LR. Il a été produit à la Manufacture d'Armes des Pyrénées Française, à Hendaye, sans doute dans la fourchette des années 50/70 (je n'ai pas trouvé plus d'infos). La MAPF ayant fermée en 2001, la marque Unique a été rachetée par FMR.
Ce pistolet à 10 coups fonctionne avec une platine en simple action, et a été conçu entièrement en acier usiné. En revanche, les plaquettes d'origine en plastique n'ont pas survécues, c'est pourquoi je vous le présente avec cette poignée maison en poncé-huilé (j'espère qu'elle sera mieux appréciée que les plaquettes du 1911 de l'autre topic ). Le bronzage commence a s’effacer, j'envisage un bronzage à froid pour le restaurer.

Cette arme a plusieurs particularités, probablement typique de l'époque, on va voir ça dans le détail.

Tout d'abords une vue générale. Le design du siècle dernier reste efficace et agréable. L'arme mesure 20 cm pour 700 grammes, le canon mesure 12 cm avec la chambre, soit 4 pouces de rayures (d'où le nom de D4 peut être). Les chargeurs de 10 coups en simple colonne présentent de larges fenêtres pour faciliter chargement et comptage de cartouches. Vous remarquerez que les planchettes élévatrices dépassent des chargeurs, pour une raison que j'évoquerais plus bas.



Détails des marquages, de profondeurs variables mais sans bavures.



Prise en main à la première personne : busc serré, guidon fixe mais hausse dérivable.


Première particularité : les chargeurs sont retenus par ce bouton-poussoir situé sous la poignée, plutôt qu'au niveau du pontet comme plus souvent. De fait, les chargeurs seront "arrachés" par l'index de la main faible placé sur la plaque de fond de chargeur, le pouce l'ayant déverrouillé en poussant vers l'arrière la tirette... Faut connaitre la combine    !
Cette tirette utilise l'autre extrémité du ressort du marteau, situé dans la poignée.


Particularité suivante : le système d’arrêtoir de culasse... En fin de chargeur, l'arrêtoir ne fera pas son travail comme sur d'autres PA pour maintenir la glissière en arrière : ce sera la planchette élévatrice du chargeur qui dépassera, et bloquera la culasse    ! Mais bon, pas d'arrêtoir, pas de casse  

Meilleure vue, la culasse est bien retenue par la planchette élévatrice :


Si on le souhaite, on pourra basculer manuellement la sûreté vers l'arrière, et tirer encore un peu plus la glissière en arrière. Elle se verrouillera, et on pourra extraire notre chargeur sans que la glissière ne se referme sèchement ( car oui, c'est ce qui passe si on retire son chargeur vide en restant en position Feu).



Ensuite, le tireur pourra baisser l’arrêtoir du pouce, et refermer la glissière en l'accompagnant. Il pourra ensuite introduire un nouveau chargeur et chambrer la première cartouche, l'arme restera à la sûreté. Il est également possible de changer de chargeur directement et de fermer la culasse dessus, mais même avec un chargeur plein la culasse ne se déverrouillera pas si on tire dessus : il faudra baisser l'arrêtoir. Personnellement j'évite cette méthode, par soucis de préservation de l'arme... En général je ne me sers pas de la sûreté : je reste en position feu, accompagne la glissière en enlevant le chargeur, et introduis un nouveau chargeur avant de "racker" .



Passons au démontage : culasse verrouillée en arrière, il suffit de faire faire un quart de tour à ce bouton. Il porte une portion de rail...

Puis, il faut abaisser l'arrêtoir pour raccompagner vers l'avant la glissière. Au passage du bout de rail manquant, elle se libère vers le haut .

L'ensemble démonté. Le canon reste solidaire de la carcasse. L'arrêtoir et le bouton rotatif tombent naturellement de la carcasse, où ils était juste enfilés, tout comme la tige-guide et le ressort récupérateur.


Détail du fonctionnement de l'arrêtoir : en plus de son rôle de récupérateur de recul, le ressort pousse l'extrémité interne de la tige-guide contre l'arrêtoir/sûreté.
Lorsque ce dernier sera en position Feu, cette tête sera bloquée contre la face correspondante de l'arrêtoir.
En sûreté, la face présentée à la tige-guide sera un peu décalée : cela encouragera l'arrêtoir à monter dans son logement quand la glissière sera en arrière, puisqu'il est poussé à la rotation, c'est plutôt bien pensé et durable   .
De plus, cette conception de la sûreté bloquera la détente, mais n'entravera pas sa course en position Feu.


Vues sur la glissière/culasse. Percuteur à ressort et extracteur à griffe. Les rails de préhension sont profonds et leurs arêtes saillantes, la manipulation est très facile .


Détails de la carcasse. Le marteau est encore particulièrement vigoureux. Remarquez le petit levier dans le puits de chargeur : lorsque aucun chargeur n'est introduit, il empêche la percussion en bloquant la détente. Système classique, mais bien ennuyeux...


Vue sur la rampe d'alimentation, la chambre, le logement de l'extracteur... Cette face arrière du canon commence à prendre l'empreinte de la culasse !

Le canon, 6 belles rayures à droites, bien conservées  


Pour conclure, je dirais que cet ancien 22 est agréable au tir : la détente n'a aucune course, ni aucun jeu à rattraper, juste un léger point dur. La prise en main est basique, mais le busc recourbé épouse bien la main. En revanche, je pense qu'un tireur aux grandes paluches ne serais pas très à l'aise.
Les solides chargeurs font leur taf, et sont pratique a remplir, puisqu'on peut comprimer le ressort de l'ongle en les graillant.
La ligne de mire est classique, mais je suis obligé de contre-viser. En effet, il tire centré mais bien trop haut, et ce quelque soit la cartouche, je vise donc sous le noir de la C50, environ dans le 4... Les résultats sont passables (tient le 6), mais pour du tir de détente je m'en contente.
Il tourne bien, en bouffant et éjectant n'importe quelle cartouche. Il arrive parfois qu'une cartouche se chambre de travers ou reste dans le chargeur si on mitraille un peu , mais la plupart du temps RAS dans le gourbi

Merci de votre lecture !

Trés joli post bien détaillé, merci du partage !

Ah très bonne documentation, très bien expliquée et bien documentée on en redemande

Merci !

Vic Gadsden a écrit:

Première particularité : les chargeurs sont retenus par ce bouton-poussoir situé sous la poignée, plutôt qu'au niveau du pontet comme plus souvent. De fait, les chargeurs seront "arrachés" par l'index de la main faible placé sur la plaque de fond de chargeur, le pouce l'ayant déverrouillé en poussant vers l'arrière la tirette... Faut connaitre la combine    !
Cette tirette utilise l'autre extrémité du ressort du marteau, situé dans la poignée.

Marrant, j'ai tiré cette aprem avec un Unique 6.35 (minuscule pétoire, son étui d'époque ressemble à un porte-monnaie ), le système de libération du chargeur est identique.

je connaissais le nom de cette arme mais jamais vue. Merci pour cette présentation intéressante et bien faite.!!

Sympathique arme et review qui montre bien le degré d'expertise à avoir pour le démonter et surtout le remonter. Sinon j'ai quasiment le même modèle, un D6 :

merci Vic Gadsden pour cette petite review et les photos

continus c'est parfait et interessant
merci

très beau documentaire et photos TOP....le 6,35 MAB avait le meme système de déverrouillage du chargeur et peut etre meme le 7,65 ??

Le D3 est quasiment identique... la seul différence entre le D3, 4 et 6 c'est la longueur des canons !
Ce sont de bonnes armes, agréables et Française !

thomas2541 a écrit:Sympathique arme et review qui montre bien le degré d'expertise à avoir pour le démonter et surtout le remonter. Sinon j'ai quasiment le même modèle, un D6 :

Je possède un D6 également. Le démontage est un peu complexe la première fois mais rien d'insurmontable. Attention à ne pas armer le chien sans chargeur en place car il sera très difficile de le réintroduire après: le chien se bloque ainsi que le chien : la seule solution , actionner la petite pièce metallique située dans le conduit de la carcasse (où se loge le chargeur).

Merci à Thomas 2541 pour cette très interessante photo de la notice du D6. Une copie est elle possible ?